Rétablissons la vérité sur cette sortie SMAG.
Certes le gîte était très confortable, certes Arnaud et Marie avaient bien préparé les réserves alimentaires, certes l’ambiance était excellente, certes Monique avait amené un pain, Nico du génépi bricolé maison et du vin fameux, certes le temps était meilleur que la semaine précédente, certes la région est sauvage etc… MAIS :
Il devait y avoir une rando, et j’étais venu pour cette rando. Malheureusement Joseph avait une rage de dent et n’a pu que venir nous faire un coucou sans pouvoir participer. Les femmes des potes à Arnaud ont été forfait, et Marion (dont Cyril m’avait assuré qu’elle ne courait jamais en descente à cause d’un problème de genou) préférait faire la sortie course.
C’est ainsi que je me suis retrouvé le matin avec sur le dos mon sac acheté en principe uniquement pour faire de la pub au fiston. Et c’était parti pour trottiner. Les montées furent un peu laborieuses, mais bon j’ai suivi le groupe qui se regroupait fréquemment pour rester ensemble. Cyril, trésorier serre file œnologue à vie de smag a eu cette phrase sublîme en réponse à mes inquiétudes « de toutes façons je ne t’abandonnerai pas ! ». Arnaud avait insisté pour que je prenne une carte qu’il avait photocopiée, mais franchement, je ne savais même pas où on pouvait être, trop occupé à suivre l’antépénultième (Cyril fermant la marche, enfin marche… pour le moins rapide). Donc si j’avais été seul, je chercherais toujours le gîte.
2 heures de sortie, 800 m de D+, des côtes pas trop longues et raides, j’ai tenu. C’est vrai que j’étais reposé depuis ma dernière sortie en montagne….. que j’ai faite en 2005 pour monter à Vallompierre déposer une pierre sur le caïrn de Laurent, et pour voir un peu comment c’est foutu un col. La sortie d’avant cette reconnaissance poussée du parcours du Défi avait été le grand raid de la Réunion, le seul trail que j’ai jamais fait, 2 ou 3 ans avant, à l’époque où je marathonnais encore en jeune V2, dans les mêmes temps que les champions (enfin je veux dire dans la même tranche des 2 heures et quelques, eux 2h et quelques minutes, moi 2 heures et quelques dizaines de minutes (5,9)). Donc j’étais frais, pas entamé par un sur-entraînement !
A midi repas. Là aussi j’ai suivi. Une ou deux bières (plus? ah bon!) pour honorer le fût que Arnaud avait préparé, un peu de Morgon du magnum que j’avais emmené pour accompagner Eric, mais on n’a pas touché au marc de Genièvre qui avait corsé nos tisanes de la veille. Faut être sérieux !!
Manque de bol, il fallait repartir pour la sortie de l’aprem !
Re sac sur le dos, mais sans bâtons, que j’avais emportés le matin sans les utiliser. Sortie pas dure de 3 heures qu’il a dit le père Arnaud. Je prends un bidon de 800 ml et 3 barres, et c’est reparti. Au début colline à vaches, ça allait. C’est quand il a fallu suivre le trait en zigzag sur la carte, avec des lignes de niveau très rapprochées que ça s’est gâté. 800 m de D+. J’en ai chié comme jamais! Au bout de 400 m j’étais nase. Cyril, toujours derrière moi m’encourageait, les autres étaient loin devant. Il a refusé que je fasse demi tour « allez t’as fait le plus dur, plus que 350m, ça va monter moins ». Quel menteur !
Enfin, après avoir vidé le bidon et avalé mes barres, j’arrive au col où le groupe m’attendait … et le brouillard et le froid aussi ! Là, tout le monde m’a proposé à boire, Fanny des raisins et sa pipette (à eau), respectant les consignes gouvernementales de Roselyne (BACHELOT), à savoir « il faut faire boire les personnes âgées en été ».
Un beau chemin en herbe partait sur la gauche en descendant doucement. Mais cet %µ*à#£¤ de Arnaud avait prévu d’aller sur les crêtes. J’ai tenté d’organiser une mutinerie, mais personne ne m’a suivi, et je me suis retrouvé à ahaner dans une autre côte « ça monte et ça descend, et c’est joli » qu’il avait dit le chef de meute ! Fred et Benoit sont venus aux nouvelles et m’ont accompagné jusqu’en haut où, Arnaud a eu aussi une phrase réconfortante « si on y voyait un peu, vous verriez une belle vallée sur la gauche »
Bon! le tonnerre commençant à gronder au loin, on a repris le pas de course, et je me suis surpris à suivre, et à trouver le sentier de crêtes agréable (comme quoi, quand on n’est plus dans son état normal...). Enfin le groupe s’est séparé en 2, Benoît, Fred, et Arnaud faisant une petite boucle supplémentaire. (on ne les reverra qu’à 20h30 au resto, et bien cassés !). Enfin on tournait sur la gauche dans une descente. Quelques névés permettaient de reformer le groupe et on s’est retrouvés dans le chemin herbeux qui descendait sur la gauche et que je trouvais verdoyant (si vous avez suivi). Le con, d’un seul coup il s’est mis à remonter plus qu’il ne descendait une ou deux heures avant ! (effet de l’écho alpin de la tectonique des plaques sans doute). Arrivés en haut, nous avons bien été forcés de constater que notre sortie de 3 heures allait en durer plus de 5, et que nos réserves étaient vides ! Tant mieux ! Fanny a du rester cool en queue de peloton en panne de carburant, Marion et Christophe ont voulu ménager leur genou, et nous sommes rentrés par la piste forestière principalement, et sur la fin ça s’est terminé en ballade champêtre. Merci à Eric pour le prêt de ses bâtons sinon j’y serais encore.
A 19h30 nous étions au gîte, à l’heure où on aurait du être au resto. Sortie de plus de 5 heures, 1500m de D+, 25km, j’étais nase de chez nase.
Marie m’a félicité « pour un randonneur tu cours bien ! ». L’ennui est que je ne randonne jamais et que j’ai arrêté la course depuis 5 ans !
Avec de l’entraide, ça peut le faire. Tout le monde m’a aidé, attendu, personne n’a râlé, ça c’était sympa. Etait ce par amitié, ou bien avaient ils peur que si je me perdais le Défi tombait à l’eau ? je ne le saurai jamais, et je ne les croirai jamais non plus après ce qu’ils m’ont fait endurer !!!
En fait, le bilan de cette aventure où je n’avais pas trop ma place, n’est pas que les gens qui formaient le groupe sont sympas, je le savais déjà. Ce n’est pas non plus que la sortie smag a été un peu émaillée d’inattendus, c’est toujours comme ça une sortie smag et c’est ça qui fait de bons souvenirs. Le bilan c’est que j’ai pu constater que le Défi ça doit être très dur. Jean Pierre m’a dit le lendemain alors qu’on refaisait une rando avec 400 m de D+ (pour récupérer ils disent !!! ) que ça équivalait à la première étape du Défi !
Quand je courrais sur route, j’aurais eu tendance à dire que tout est faisable avec de la volonté. Maintenant que je reprends juste le sport, je change un peu d’avis et je dis que sans un minimum d’entraînement on ne va pas loin (ni haut). Et je serai encore plus admiratif envers le 50 cinglés qui payent pour faire ce Défi… et qui y arrivent.
Allez, c’est un très agréable souvenir, et je reviendrai…avec de l’entrainement ! Ne vous fiez pas aux photos, quand on passe devant le photographe, on court 10 mètres et on sourit, après….
juste une autre citation qui m'a été rapportée par Monique. Plusieurs ont dit à Benoît "ton père n'a rien à manger". et Benoît de répondre "c'est pas grave, il a l'habitude!". L'habitude peut être pas, mais c'était pour évoquer les sorties glaciaires qu'il m'a fait faire quand il est sorti de l'armée avec 2 potes à lui, chasseurs alpins comme lui (dont Fred). Pour ces sorties, on emmenait en tout et pour tout 3 cookies, et un bidon d'eau! Véridique! Faut voyager léger!